samedi 11 juillet 2015

Toi, m’Afrique

O triste terre
O pauvre terre

O pauvre mère
O triste mère

Lorsque mes yeux se posent sur toi cette nuit
Il n'y a que des larmes qui en fuitent
Quel spectacle affreux
Quel visage piteux

Est-ce bien toi?

Toi que la science dit mère de tous les enfants d'Adam et de Lucy?
Toi sur qui ils ont érigé les plus belles œuvres
Et ont atteints le rang de chef d'œuvre?
Toi à qui tous devraient dire merci?

Est-ce bien toi?

Toi qu'ils ont d'abords pillé de ses enfants
Avant de les déposséder de toutes les richesses dont tu leurs faisaient grâce?
Toi sur qui le monde vient déverser toute sa crasse
Après avoir vidé tes entrailles de tous leurs diamants?

Je ne veux pas l'admettre
Je ne peux pas le croire

Où est donc passée toute ta grandeur?
Qu'ont-ils fait de ta splendeur?
De tes rois et de tes pharaons?
Qu'ont-ils fait de tes natives civilisations?

Chaque jour les mêmes désolations
Chaque nuit les mêmes tribulations
Toujours, le soir, ces mêmes images d'horreurs
Toujours, le matin, ces nouvelles de peur et de malheurs!

Est-ce bien toi, ma belle Afrique?
Est-ce bien toi qu'on insulte et qu'on étrique?
Qu'on dupe et qu'on critique
D’être trop naïve pour croire à la justice et l'éthique?

Oui, c'est bien toi!

J’ai beau me mentir
Me dire qu'ils ne font que médire
La honte sur ton visage ne fait que te trahir
Tu es bien celle dont le monde ne sait que pleurer ou rire!

J’aimerais tant que ce ne soit pas toi, m'Afrique!
J’aimerais tant changer ton visage et ton nom
Te rebaptiser et te parer de renoms!
Qu'enfin, ils te considèrent avec respect m'Afrique!

Qu'ils baissent les yeux devant le triomphe de ta progéniture
Qu'ils ont si longtemps traité comme de la souillure
Devant la gloire de ton futur
Qu'ils s'écartent et saluent la pureté de ton ébène dorure

Mais qui suis-je, moi?
Oui, que puis-je, moi?

Avec mes bras frêles et mon allure squelettique?
Avec ma voix étouffée par la misère et la faim
Avec mes yeux globuleux qu'enfin
Le reste du monde trouve si beaux, mais si pathétiques!

Je ne suis qu'un brin de la paille qui embrase toute la jungle
Un grain de sable que le vent sans cesse trimbale
Un cri douloureux, triste, long, mais humble

Parmi les milliards qui montent de Kémit, depuis ces horribles matins de la traite trilatérale

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