dimanche 11 décembre 2016

Toi et moi…



Tu n’as jamais dit : toi et moi, toujours « on »
Comme pour me rappeler le caractère indéfini de notre relation
Un mâle et une femelle en copulation
Deux êtres qui se lient par passion
Sans aucune émotion

Avant « on », il n’y avait que moi
Moi, voguant comme un bateau à la dérive
Las de toutes ces îles sur lesquelles je me suis laissé choir
Et qui ont laissé de sanglantes cicatrices tout au long de mon périple
 Moi, déçu de tous ces festins qui vous enivrent et qui vous laissent au matin
Le cœur vide et la tête pleine de regrets
Je voulais vivre loin de tous ces reflets
Ces masques qu’arborent les sirènes qui nous attirent
Qui nous invitent à nous dévêtir et à nous unir
Et qui nous dévorent l’âme avec du pain et du lait

J’avais décidé de prendre le large
Sans ami, sans parent, sans charge
Le dos définitivement tourné vers le rivage
Avec l’ambition et la motivation comme seuls bagages

« Il s’est perdu en mer » disaient les frères
« S’il ne revient, c’est qu’il n’aime plus que sa mère » disaient les sœurs
Et moi, que disais-je ?
« Mer, Ô mère, couvre-moi de ton voile épais
Que rien n’y personne ne m’éloigne du chemin de la paix »

Et puis, un jour, au loin, parut l’île de Toi
Pourquoi celle-là ?
J’en avais pourtant snobé tant d’autres avec plus d’attrait et d’éclats !
Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai accosté auprès de Toi

Etait-ce la faim ? La curiosité ?
Non, j’avais juste envie, de nouveau, de goutter
Pour ne pas oublier comment c’était autrefois

Je me suis posé sur cette terre enchantée
J’ai scruté ses plages sans jamais me lasser
Je m’y suis délassé
Et mon cœur s’est remis à chanter

Étouffer sa voix, j’ai maintes fois tenté
Mais cet idiot a commencé à me conter
Des histoires de « toi et moi » qui n’ont jamais été

Je me suis mis à croire qu’il n’y avait plus juste que moi
Que je pouvais me reposer et m’appuyer sur toi
J’ai jeté mon ancre et ai imaginé
Que « nous » serait mieux que « toi et moi »

Mais tu n’as jamais dit « toi et moi »
Et hier, en partant, tu m’as dit que pour toi, il n’y avait plus de « on »
Et que « je » serais mieux sans « toi »

Moi, qui ai laissé mon bateau filé sur l’eau
Moi qui, jadis, m’étais voué aux flots
Je suis là, assis sur le rocher, le cœur entre les mains
Et t’implore de le reprendre, quitte à le dévorer demain.